Joseph Pigassou 1878 - 1961

Joseph Pigassou 1878 - 1961

Le protectorat français en Tunisie 1881-1956

Illustration par des photographies prises par Joseph Pigassou entre 1905 et 1911, d'un extrait du livre de Daniel Rivet "le Maghreb à l'épreuve de la colonisation" aux éditions Hachette en 2002 :

 

"... En Tunisie, idéologie romanisante et triomphalisme chrétien

Les français n'attendent pas d'occuper la Tunisie pour être obnubilés par le souvenir de Rome en Afrique...

 

Photo prise aux fêtes du théâtre romain de Carthage le 27 mai 1906

... Les hommes du protectorat fonctionnent sur leur lancée. Ils invoquent la romanité non seulement comme un exemple, mais comme un modèle d'efficacité et de légitimité...

 

Photo prise entre 1905 et 1911 d'un chargement de phosphates à Sfax

... Si bien qu'on affirme être comme chez soi en cette veille terre latine, qu'on feint d'y retrouver de lointains cousins ...

Cette survalorisation de l'Afrique latine débouche naturellement sur l'exaltation de l'Afrique chrétienne. Le catholicisme s'exhibe avantageusement, presque triomphalement, dans les années 1920... »

 

 

Photo prise entre 1905 et 1911 à la sortie de la messe de la cathédrale de Tunis

 

5 francs 1946 sous le protectorat :

 

En complément cet extrait de « Le Mouvement social » - bulletin trimestriel de l'Institut français d'histoire sociale d’octobre-décembre 1977 :

Extrait de l’article de Madeleine REBERIOUX à propos de la thèse de Pierre SOUMILLE. « Européens de Tunisie et questions religieuses (1892-1901) ». Paris, Ed. du CNRS, 1975.

Cette thèse … apporte de très sérieuses informations sur l'opinion des milieux non musulmans de la Régence au lendemain de l'établissement du protectorat. Certes, il s'agit d'une petite minorité : 70 000 personnes au plus vers 1892, sur une population de plus d'un million. Et d'une minorité complexe : les Italiens sont les plus nombreux ; viennent ensuite, en progrès constant, les Français, puis les Anglo-Maltais. Mais ces individus détiennent une part de plus en plus large de la richesse foncière, essentiellement urbaine ; ils représentent les forces par lesquelles le monde moderne pénètre en Tunisie ; surtout, sous le couvert de la Régence, les Français commandent…

… Minorité dans une minorité, les Français de la Régence ne participent pas à l'élaboration de la politique nationale et ne disposent, en Tunisie même, que de pouvoirs dérisoires. Ni régime concordataire, ni lois laïques, ni tradition cléricale, dans ce pays qui n'est certes pas la « terre latine » à laquelle rêve Louis Bertrand, et où l'Eglise de Carthage a eu tout loisir d'oublier saint Cyprien et saint Augustin. On est à Tunis presque aussi loin de Paris qu'à Hanoï. Aussi les Eglises — toutes les Eglises — apparaissent-elles sans peine comme les alliées de la puissance coloniale qui les protège et dont elles assurent l'autorité. La société religieuse coloniale reste d'ailleurs frileusement repliée sur elle-même…

… L'Arabe doit rester musulman, de même qu'il ne paraît guère souhaitable de lui apprendre le français. Comme toute union sacrée, celle des Européens de Tunisie, entre 1893 et 1901, est porteuse de force mais révélatrice de peur. Le comportement de la Résidence à l'égard de l'Eglise catholique, de loin la plus puissante, est en tout cas révélateur d'une situation coloniale devant laquelle cèdent les querelles idéologiques de la métropole.



18/06/2010
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