Joseph Pigassou 1878 - 1961

Joseph Pigassou 1878 - 1961

L'Oracle du Palatin par Joseph Pigassou

L'ORACLE du PALATIN

 

Virgile et Auguste en 23 av. J-C.

 

Chacune des trois parties de l'œuvre de Virgile est mar­quée d'un coin différent et bien frappé : pour les Géorgiques, utilité, pour l'Énéide, fantaisie, pour les Bucoliques, hermétisme.

Les Géorgiques traitent des travaux de la terre, L'Énéide est un récit fabuleux,

Mais que sont les Bucoliques ? De quelle mission Virgile a-t-il chargés ces bergers insolites qui font de chaque églogue un problème ? Mystérieux, insaisissables, vaporeux comme les nua­ges, on ne sait où ils vont ni d'où ils viennent. Ils semblent toujours près de prendre une figure connue mais se dissolvent au moment critique sans jamais y arriver.

La Critique, ne pouvant aider à la lettre, a proposé que le Livre des Bucoliques soit une suite incessante d'allusions et que celles-ci, tout en ayant été claires pour les contemporains, soient devenues, avec le temps, complètement obscures pour nous.

Adopter ces allusions perdues ce serait écarter le problème sans le résoudre.

Cependant il est accompagné de deux données positives ve­nues des pentes naturelles, disons des pentes bucoliques du cerveau virgilien ; mais trop peu saillantes, trop repliées sur elles-mêmes elles n'ont pas attiré 1’attention, alors qu'elles donnent, en toutes lettres, la première, le genre, la deuxième, l'espèce qui définissent le moyen par lequel on pourra retourner le texte et porter la lumière dans tous ses coins. Ce moyen est « l'EQUIVOQUE »[1], espèce de figure de mots relevant de la « GRAMMAIRE »[2].

La deuxième partie de ce travail sera consacrée à l'exégèse du Livre des Bucoliques par utilisation dans le détail de ces données. Pour l'instant et pour suivre l'ordre chronologique des faits, il ne sera fait état que des conclusions, assavoir :

a/ le Livre des Bucoliques bien loin d'être un recueil de courtisaneries alambiquées, est une réserve secrète de diatribes contre Auguste et Mécène.

b/ il fut écrit entre 21 et 19 av. J-C. dans un langage à deux clés.

c/ il consacre un sentiment d'opposition datant de 23.

 

Jusqu'à cette dernière date Virgile avait servi avec dévouement Auguste qu'il voyait en toutes occasions, protester de son loyalisme républicain, et Mécène qui marchait dans les pas d'Auguste.

Mais en 23, alors que la brigue qui devait précéder les comices consulaires de 22, était déjà selon les pratiques nouvelles, en préparation, Auguste, bien qu'il fût consul en charge pour la onzième fois cette année-là et aussi consul à vie, briguait son douzième consulat, visant moins le consulat que l'Empire du Monde qui commençait à prendre consistance.

Son césarisme était si manifeste que Rome s'en inquiétait et qu'il y avait des conspirations[3]. L'inquiétude des esprits était encore aggravée par la crainte de la famine qui commençait à se faire sentir, les pirates interceptant presque tous les ravitaillements par mer. Le mécontentement s'accentuait, on s'attroupait devant les meuneries où les glands avaient remplacé le blé, la plèbe réclamait en se faisant menaçante, et Auguste, consul en charge, responsable des approvisionnements, en vint à se demander s'il garderait le pouvoir ou s'il le remettrait au Sénat.

Le garder c'était s'attribuer, proprio motu, la dictature avec au besoin, le soutien répressif des mercenaires.

Agrippa dit "non", Mécène dit "oui". Virgile appelé pour donner son avis[4], laisse Auguste en suspens sur le " oui " de Mécène.

Derrière Auguste est Livie qui, escomptant déjà l'Empire pour son fils Tibère, alors âgé de dix-neuf ans, ne veut d'aucune espèce d'abdication qui ruinerait tous ses espoirs.

Cependant, Virgile sentant que le sort de la République va dépendre de la décision d'Auguste, se propose de le revoir sinon pour le détourner du pouvoir du moins pour qu'il le détienne en prince irréprochable et sachant se faire aimer.

Il utilisera la connaissance qu'il a de ses deux points faibles : la superstition[5] et le désir vaniteux de voir les poètes s'occuper de lui[6]. Il sait aussi qu'il est chatouilleux et qu'on ne saurait l'amener à prêter l'oreille qu'en l'abordant du bon côté[7]. En même temps, il pense que ses arguments auraient plus d'autorité et lui feraient peut-être gagner la partie s'ils pouvaient passer par la bouche d'une Sibylle.

Il ira donc dans sa maison même du Palatin lui rappeler les paroles que la Sibylle d'Apollonie d'Épire lui adressait, aux ides de Mars 44 et il y ajoutera les avis que les circonstances présentes rendent utiles. Mais cette fois-ci, Auguste sera, en fiction, transporté à 1500 ou 2000 ans en arrière, dans l'antre de la Sibylle de Cumes et placé dans la même ambiance épique, homérique, troyenne qu'Énée, son ancêtre, quand, après la chute de Troie, celui-ci conduisait son peuple, à travers les vicissitudes de la Fortune et montait, un jour, jusqu'au temple d'Apollon pour s'y faire donner sous forme d'oracles, des conseils[8].

La. Sibylle lui présentera les choses romaines du temps présent en les maquillant en choses d'épopée pour leur donner de l'attrait et aussi de l'aparté pour ménager la susceptibilité d'Auguste.

Elle mettra l'accent sur ce qu'Auguste doit prendre, pour sa gouverne, dans la vie politique récente de Rome et plus particulièrement dans celle des hommes célèbres auxquels il succède, qu'il y a vus vivants, d’abord associés, puis se brouillant, se poursuivant, se faisant la guerre et mourant tous misérablement victimes de la politique.

Auguste, entraîné dans le même tourbillon qu'eux, veut-il donc courir les mêmes risques et finir soit dans le désespoir, loin de Rome, comme Pompée, Brutus, Antoine, soit sur un bûcher funèbre, devant les Rostres, le corps percé de coups comme son père adoptif ? Autant d'hommes autant de leçons en tableaux figuratifs impressionnants parmi lesquels un seul reste inachevé parce-que les Destins y travaillent encore : le sien. Et c'est à lui qu'il appartient de le mener à bonne fin.

 

Dans ces évocations Auguste pourra sans peine se reconnaî­tre, tout identifier par analogie et passer du fictif au réel en changeant simplement les noms des hommes, des faits et des lieux. Pour suivre la Sibylle et retomber à la chose utile il suffira de lire :

vers :                 au lieu :

2                  Cumes                            =  Apollonie d'Épire

9                  Énée                                 Octave

41                 Troyens                              Camarades d'Octave

34                 fidus Achates                       Agrippa (Marcus Vipsanius)

89                 Achilles                              Brutus

88                 Simoîs                               le Rhône

88                 Xanthus                             le Rubicon

88                 Dorica castra                        Pharsale

90                 Juno (Moneta)                       l'argent - monnaie

93                 Conjux hospita Teucris,             Livie

97                 Urbe graïa                           Philippes

162                Misenum Eoliden                     Jules César

166                Hector magnus                      le Grand Pompée

169                fortissimus héros                    Antoine

150                classem                              les Rostres

228                Coryneus                             Antoine

134                lacus Styglos        )

135                Tartara              )               expliqués loco proprio

142                Proserpina            )

etc.

 

Dans le tableau ci-dessus les idées représentées par les mots authentiques (ceux de droite) sont des évocations sorties des mots fabuleux (ceux de gauche) par effet d'analogie, ou d'antonomase, ou de métonymie, ou de périphrase…

Que Virgile ait eu recours à de telles figures de mots pour se faire entendre d'Octave, en aparté, ne provoquera pas grand étonnement si on considère qu'ils étaient l'un et l'autre des initiés et que l'initiation aux Mystères comportait, entre autres acquis ésotériques, connaissance et pratique d'un langage particulier à la secte, langage mystique dont ils se servaient entr'eux quand, se trouvant en public, ils voulaient se mettre à l'abri de la curiosité des profanes, comme Virgile et Auguste dans le cas présent.

 

 

Les oracles

 

Énéide, Livre VI (v. 1 à 236)

 

Virgile, ici, va faire parler la Sibylle en langage mystique, "obscuris vera involvens", "enveloppant des vérités dans des phrases sibyllines" qu'il appartiendra aux profanes d'inter­préter.

Partant de là, battez ces phrases, vannez-les, séparez de la bale antique le grain substantiel "ad Augustum", substituez aux termes de valeur purement poétique ou fabuleuse les ter­mes de valeur historique et positive que la phrase suggère et vous verrez surgir, dégagées de leurs enveloppes obscures, les vérités clamées par la Sibylle, autant dire les oracles, que Virgile destinait à Auguste.

Ces oracles se suivent intercalés dans le texte à interval­les irréguliers, du vers 1 au vers 236, insérés vraisemblable­ment après coup, pour compléter par des exemples palpables un Livre de Morale, ad usum principis, à hypotyposes frappantes mais seulement imaginées, et dont on ne sera convaincu qu'aux Enfers.

Leçons tirées du passé ou même du présent, bien plus que pré­sages pour l'avenir, ils dénoncent en brèves anecdotes, la poli­tique néfaste pour Rome que Jules César a mise en mouvement, mais que maintenant, lui mort, Auguste, par le sens et la volonté du devoir pourrait orienter vers le bien.

Le voici devant la prêtresse d'Apollon.

(Il y aura lieu de faire la discrimination entre les oracles proprement dits et le texte d'accueil dans lequel ils ont été logés et dont ils ont pris l'aspect et la couleur par une sorte de mimétisme littéraire, si on peut dire. Ce texte d'accueil, premier jet d'inspiration de la "Descente aux Enfers',' sera l'objet d'une étude à part et laissé de côté pour l'instant).

Du vers 1 au 44 :

Octave, accompagné de quelques camarades, dont Agrippa, débarque à Apollonie, censée Cumes - Agrippa pénètre dans le temple pour prendre langue - ils sont admis devant la Sibylle.

45 - à peine arrivés à son seuil la vierge annonce : le dieu vient, il est là ; demandez vos destins. Elle a parlé tournée vers l'entrée. Tout d'un coup les traits de son visage, ses couleurs se mettent à changer, sa chevelure se défait, son souffle halète, ses seins de vierge sauvage se gonflent, elle se dresse, sa voix, qui n'est plus celle d'une mor­telle, prend la force du vent à mesure que le dieu se fait plus présent ;

1er oracle

51 - « Tu hésites à dire ce que tu souhaites et à. prier les dieux de t'aider, Troyen Octave, dit-elle, car les portes d'une maison qui redoute de laisser voir ce qu'elle contient, ne s'ouvrent pas toutes grandes à l'avance »[9]. Ayant ainsi parlé, elle se tut.

54 - un frisson glacé pénètre jusqu'à la moelle les os des Troyens…

77 - Mais dans son antre, dominée par l'irrésistible Phoebus, la prophétesse fait des efforts désordonnés pour dégager sa poitrine de l'étreinte du dieu. Celui-ci laisse agir la fatigue jusqu'à ce que cette bouche cesse d'écumer, que cette fureur se laisse maîtriser et pétrir comme une argile.

2ème oracle

81 – Alors les cent corridors immenses de cette caverne laissent passer des échos qui se transmettent spontanément l'un à l'autre les paroles de la voyante ; « Les Troyens en ont fini avec les rudes périls de la mer mais de plus rudes les attendent à terre ; ils conquerront le royaume de Lavinus, n'en doute point, mais il leur arrivera de vouloir n'y être pas venus.

84 - Je vois des guerres, d'affreuses guerres[10], et le Tibre avec une écume pleine de sang, les eaux torrentueuses d'un Simoïs[11], les eaux rougeâtres d'un Xenthe[12], des camps en Doride[13], un autre Achille[14] dès maintenant tenu prêt par le Latium[15] et descendant lui aussi d'une déesse[16]

90 - Junon[17] ne manquera jamais aux Troyens ; quand tu seras à court de ressources, pour en trouver, quelles familles italiques ou quelles villes ne rançonneras-tu pas ?

93 - Il y aura, cause pour toi d'un malheur immense, une femme accueillie chez les Troyens en second mariage et après deux répudiations[18]. Quant à toi, méfie-toi de ses mauvais coups et marche contr'elle, plus impitoyable que tu ne l’as jamais été.

96 - Le chemin de la chance, et tu ne le crois guère, s’ouvre pour toi à partir d'une ville grecque[19].

98 -99 - Ayant ainsi parlé depuis son sanctuaire la Sibylle cuméenne se met à clamer des ambiguïtés qui font frémir, ou mugit en aparté des choses vraies qu'elle enveloppe d'obscu­rités[20].

100 - Apollon coupe court à ces frénésies[21] et détourne vers le sol les aiguillons qui piquent le cœur de la Sibylle.

102 - Sitôt passée 1'excitation, et l'invective calmée, le noble Octave... laisse la place au fantôme d’Énée…            

3ème oracle

124 – Comme il tenait toujours les autels, la prophétesse lui dit : " Descendant des dieux, Troyen petit-fils dAchise, sache que la descente dans l'Averne "de la brigue" est facile ; nuit et jour la porte de l'atrium du "candidat" riche est ouverte[22].

128 - Mais faire retour aux mœurs de jadis et gagner de son propre envol le sommet des honneurs suprêmes voilà la vraie politique, voilà le vrai mérite. Bien peu de ceux qui se sont dits descendants des dieux ont pu se glorifier d'y être arrivés et c’est parce qu’ils ont été justes et aimés de Jupiter, ou portés au pinacle par leur ardente vertu.

132 - L'insinuant Cocyte "de la corruption" entoure tout de ses noirs replis.

133 - Que si tu as dans l'esprit une si grande passion, un si grand désir de nager dans ce Styx "de la brigue" deux fois plus Styx que le vrai, de rendre visite à ce Tartare "de l'am­bition" deux fois plus profond que le vrai, si tu veux te dé­lecter dans cette entreprise insensée, apprends par où tu dois commencer.

4ème oracle

136 – Il y a, cachée dans une taverne de bois dur, une réserve d'or en pièces et à pleins paniers. On la dit : « Trésor de la Junon (Moneta) du sous-sol ». Tout un monde broussailleux -de courtiers- l'occupe et des associations tenues dans l'ombre en font un domaine à part[23]. On ne peut descendre dans ce sous-sol avant que celui qui y est déjà pour toucher de l'or ne l'ait reçu, et n'ait fait place à un autre. C'est une règle que la belle Proserpine a édictée pour elle-même[24]. C'est toujours le même métal qui reparait "aux guichets". Donc cherche le tien des yeux et quand tu l'auras trouvé avance la main pour recevoir ; l'or te viendra de lui-même, bénévolement, sans difficulté à l'appel de ton nom ; autrement il n'est point de puissance qui puisse l'obtenir, ni de poignard qui puisse l'arracher.

5ème oracle

149 - Mais voici bien autre chose. Le corps d'un tien ami gît sans vie, hélas tu l'ignores[25], et il souille toute la flotte de son cadavre, tandis que tu demandes des oracles et que tu t'attardes sur ce seuil.

152- Portes-le d'abord sur la couche funèbre qui convient à son rang, prépare ses funérailles et l'ordonnance du cortège de deuil ; ces premiers devoirs te sont d'obligation. Ainsi tu verras ce qu'on trouve finalement dans les broussailles de la politique et quels sont les chemins au bout desquels on n'arrive pas vivant. Elle dit et mettant un doigt sur ses lèvres se tut.

156 - Octave, l'air attristé, le regard vague, laissant là l'antre sibyllin, reprend le chemin de Rome sans que son esprit bouleversé puisse voir clair dans cet oracle. Le fidèle Agrippa l'accompagne du même pas et avec les mêmes préoccupations. Ils multipliaient les suppositions, les entremêlaient pour savoir de quel ami mort et de quelles funérailles la prophétesse avait voulu parler. Et voilà qu'à peine débarqués ils apprennent que c'est Jules César qu'on a indignement tué[26]. César l'Eolidien qu'aucun autre ne surpassa pour récolter de l'argent et recruter des soldats ardents, à son de trompe.

166- Il avait été l'associé du Grand Pompée (Hectoris Magni), mais ensuite l'enveloppant clairon sonnant et lance haute, il l'avait vaincu[27].

168- Quand Brutus (Achilleus), son propre commensal, lui eut[28] ôté la vie, le fougueux Antoine (fortissimus héros) s'était associé avec le Dardanien Octave, dans l'espoir que la part qu'il retirerait de cette association ne serait pas la plus petite.

171 - Mais ensuite (à Actium) alors que sa trompe de guerre retentit sur la mer et que rendu dément (par sa passion pour Cléopâtre) et aussi par l'effet d'un enchantement, il provoque les dieux au combat, un Triton, son rival, si on peut croire, l'a attiré hors de la bataille et tenté de le noyer, lui le mari[29] dans la mer écumante, au milieu des récifs[30].

175 - Donc (pour en revenir à J. César) autour du cadavre, la clameur était grande, tous frémissaient, surtout le pieux Octave. Cependant les ordres de la Sibylle ne souffrant aucun retard, on se hâte en pleurant de dresser avec du bois un autel funéraire et on rivalise pour qu'il soit le plus haut possible. On va dans cette forêt de vieux bois (que sont les Tavernes)[31] profondes tanières de rapaces ; les planches en sont abattues, le chêne (des comptoirs) retentit sous les coups des haches ; solives de frêne et de rouvre fissile éclatent sous l'action des coins, on roule les gros piliers d'orne... Octave, au premier rang, excite ses camarades et les fait s'armer pour ce travail ;

185 - et tout en gardant sa tristesse en soi-même, quand il voit toutes les tavernes de bois démolies, il se prend soudain à songer : "Si seulement maintenant le fameux Rameau d'Or dans son coffre apparaissait quelque part dans cette forêt de ruines ! et que tout soit très vrai dans ce qu'a dit la Sibylle à ton sujet, César ! Oui ! "

190 - A peine avait-il pensé cela, que deux colombes (c'est un démarcheur et un entremetteur) surgissent à ses yeux, comme s'envolant du fond d'un trou[32] et s'assolent sur ce sol bouleversé. Alors l'insigne demi-dieu reconnaît ces oiseaux qui se mettent maternellement à son service et tout joyeux leur demande : "Conduisez-moi, si on peut passer, dirigez mes pas à travers ces poussières (auras), jusque dans les tanières où le précieux Rameau forme sur le sol une couche si épaisse qu'il n'en laisse rien apercevoir ! Et toi, divine mère, Junon Moneta, ne m'abandonne pas en cet instant critique. " Là-dessus il les talonne, observant le moindre geste, le moindre de leurs regards à droite ou à gauche. Mais eux, toujours en quête[33], de scruter fiévreusement autant que leurs yeux de chercheurs peuvent les aider de leur acuité.

200 - Ils arrivent à une sorte d'Averne que leur flair reconnait ; tous trois se précipitent ; ils se laissent glisser et sont dans un lac de monnaies. Choisissant leur place ils s’arrêtent devant un coffre deux fois plus grand que les autres d'où l'éclat des disques d'or a brillé entre les planches[34]. Comme dans les forêts, dès les brumes de l'hiver, le gui, sur l'arbre qui lui sert de support sans l'avoir lui-même produit, reverdit en feuilles nouvelles et de sa prolifération couleur de safran garnit de toutes parts un tronc sans feuilles, telle se montrait sur le coffre de chêne opaque la frondaison d'or, et le métal en petites feuilles rondes bruissait sous leurs caresses légères. Octave étend les mains aussitôt ; avide il divise ce butin dont le poids le retarde, et du fond du trou le porte en haut à la lumière[35].

220 - La plainte funèbre s'élève ; les uns portent le mort baigné de leurs larmes sur le lit ; ils jettent sur lui ses robes de pourpre et ses vêtements habituels ; d'autres soulèvent le lourd catafalque, et, triste office ! mettent, en détournant les yeux selon la coutume ancestrale, la torche sous les fagots. On y brûle des présents abondants d'encens, de mets pour les Mânes et, à profusion, des cratères d'huile.

225 - Quand tout s'est trouvé réduit en cendre, quand toute flamme s'est éteinte, Antoine (Coryneus)[36] avec du vin arrosa les restes du cadavre, noya les braises, en sépara les os et les recueillit dans une urne d'airain. Puis par trois fois il fit le tour des assistants les aspergeant d'eau pure avec un brin de romarin et un rameau d'olivier propitiatoire. Il purifia les vétérans et prononça les derniers mots.

232 - Le pieux Octave fit construire un imposant mausolée, y déposa les armes, la rame et la trompette du héros. C'est le soubassement d'une stèle aérienne[37] placée dès maintenant et pour des siècles sous le vocable éternel de Jules César.

 

 

La descente aux Enfers

 

Énéide, Livre VI (a versu 236 in finem)

 

Ici finissent les "oracles".

Pour tenir à Auguste un langage aussi ferme, surtout contre Livie, il fallait à Virgile à la fois du courage et une certaine autorité. Donner la parole à une Sibylle sans avoir reçu pour cela aucune délégation ni aucune investiture eut été de sa part prétentieux et sans doute vain, étant donné le tempérament d'Auguste. On est ainsi conduit à conjecturer que, lorsque, en 44, Octave se trouvait à Apollonie, vraisemblablement pour se faire initier    aux Mystères Apolloniaques, Virgile, son ainé de sept ans[38], et peut-être déjà promu au rôle de mystagogue, ait pu l'assister précisément en qualité de mystagogue.

Après quoi, entre 39 et 30, devenu épopte, il prépare et écrit pour Octave la "Descente aux Enfers", sorte de Métaphysique de la Morale selon les croyances religieuses du temps.

Quelque temps encore après, vers 23, devenu épopte suprême ou Anchise[39](sa personnalité était assez marquante pour lui valoir ce grade), il ajoute en complément à la "Descente aux Enfers", les "Oracles" et les place en tête du même Livre VI de l'Énéide, avant la "Descente aux Enfers", pour bien marquer la prééminence que dans les circonstances présentes Auguste doit leur accorder.

Dans les deux cas la Sibylle peut intervenir, figurativement, sans qu'Octave ni Auguste ait à s'en trouver offensé[40].

Virgile, tantôt, utilisant des exemples faits de réalités qu'Auguste a connues, tantôt, créant des hypotyposes déduites de légendes épiques, mais si bien accordées avec les écoles de la vie, que, tout en n'étant pas vraies, elles valent autant que si elles l'étaient, est resté dans l'esprit mystique qui était de répandre des principes moraux d'utilité sociale, plus particulièrement par et pour les élites.

C'est ainsi qu'il prendra dans la masse doctrinale des Mystères tout ce que le Règle permet de prendre pour en faire une part ésotérique assez prestigieuse pour valoir de nouveaux adeptes à la religion aux œuvres de laquelle il préside, et qui forge des caractères capables de vouer leur vie et même leurs illusions au culte de la Vertu. Tel Brutus.

Dans cette Morale par la leçon et par l'exemple, la leçon "Λόγος" est réglée par l'esprit "νους". Mais si le contenu de ce dernier est, quant à son acquisition et à son emploi, jalousement réservé aux époptes, qui ne peuvent l'acquérir que par degrés, les exemples sont une collection de faits humains accompagnés des sanctions sans échappatoires qui attendent les âmes de leurs auteurs après la mort.

Ces exemples, pris dans le lointain de l'histoire ou de la fable et devenus avec le temps matière de contes populaires, se prêtent admirablement à servir de thèmes à un éducateur de volontés. Ce sont eux, une fois spiritualisés et poétisés, que Virgile se propose d'utiliser quand il dit :

"Dieux à qui est dévolu l'empire des âmes ! Ombres muettes ! Chaos ! Phlégéton ! vastes "séjours de silence et de nuit ! Qu'il me soit permis de répéter ce que j'ai entendu ; que "votre divine puissance me permette de dévoiler ce qu'est le monde caché dans les brumes "souterraines de l'au-delà."

Croyances religieuses, doctrines philosophiques, métaphysiques, venues de tous les horizons, savamment sélectionnées, apurées, logiquement assemblées en vue d'un enseignement placé sous le vocable d'Apollon, le dieu pur, présentées sur un fond mystique, avec un premier plan de personnalités vivantes éminentes, concourent à un effort de réaction contre le vent de tyrannies et de proscriptions qui souffle sur la République depuis plus d'un siècle. Énée, le héros virgilien, va le prêcher.

Énée, type fictif de l'homme d'élite qui se sait responsable par naissance de la vie et de l'avenir d'un peuple, se présente à la Sibylle et demande à descendre aux Enfers. C'est dire descendre par l'initiation dans le sentiment du Devoir et dans la connaissance de toutes les lois qui régissent le bien comme le mal. Il demande à parvenir jusqu'à son père Anchise. C'est dire jusqu'à l’Anchise, père spirituel des initiés, lequel, lorsqu'ils ont parcouru le cycle de la discipline morale, les introduit dans le cycle de la cosmogonie de la métaphysique et enfin dans le cycle glorieux de la Geste Romaine.

Dès l'instant que le postulant a fait sa demande, la Sibylle, après s'être assurée de la qualité de son tempérament, l’envoie quérir le Rameau d'Or. C’est un droit d'entrée en même temps que contribution en or destinée à l'entretien du Trésor de la Secte.

Après une période de retraite préparatoire, vient le jour de l'initiation avec son rituel.

Plus que par des paroles et vraisemblablement par un procédé sur lequel nous ne pouvons aujourd’hui faire que des hypothèses, l'initié est mis, tout d'abord, dans un état d'extériorisation hypnotique : le Somnus. Ce serait une sorte de catalyse mentale par laquelle l'initiateur fait de la volonté de l'initié un réceptacle à la dévotion de l'idéologie apolloniaque, et celle-ci le pénètre sous forme d'hallucinations si fortes qu'il en gardera toujours l'impression comme de choses vécues ; elles resteront pour lui articles de foi.

À partir de là tout se transvalue, les sensations se métamorphosent.

Ainsi, la Sibylle, mystagogue, est allée le prendre à sa demeure ; les rues qu'ils suivent pour se rendre au Temple deviennent le chemin fantomatique qui conduit au royaume de Pluton ; le fleuve des curieux qui s'y pressent devient l'Achéron où grouillent les réprouvés ; l'appariteur qui règle les entrées devient Charon ; le groupe des trois triumvirs qui contrôlent la qualité des entrants devient Cerbère à trois gueules menaçantes ; le pronaos avec ses personnages hétéroclites devient le vestibule plein de toutes les misères de la vie ; le naos avec ses allées, ses demi-jours, ses peintures mystiques, les adeptes assistant à la cérémonie prennent, pour les besoins de la cause, figure de Tartare, de Phlégéton, de révoltés, de traîtres ; le guichet de la trésorerie du Temple devient la Chambre Forte forgée par les Cyclopes, devant l'entrée de laquelle on arrive "en proserpine" c'est à dire à la queue leu leu[41] pour déposer chacun son "Rameau d'Or" ; la cella devient Champs Élysées et, derrière la cella, l'opisthodome, ou sanctuaire, devient la vallée verdoyante où se tient l'Anchise, attendant 1'initié,comme un père attend un fils venu du pays des profanes.

Ce père lui apprend les secrets supérieurs : la vie des âmes, leur réincarnation, l'union de la matière et de l'esprit et l'étincelle céleste principe purificateur. En finale vient la leçon de l'Histoire et le défilé des gloires romaines, de Sylvius à César Auguste. Apothéose de la Patrie.

On ne peut nier que ce soit exaltant.

Par un enchaînement qui s'offre de lui-même, bien qu'en marge des rites initiatoires, Virgile place, avec un heureux à-propos, l'épisode de Marcellus :

Marcellus, fils d'Octavie, neveu d'Auguste, venait de mourir à 18 ans, d'un mal étrange qu'on disait être le fait de Livie[42]. En lui consacrant quelques vers d'un pathétique d'autant plus saisissant qu'il est inattendu, il semble que tout en versant le baume de la consolation dans le cœur dolent d'Octavie, Virgile ait voulu qu'Auguste prenne conscience des complicités que la domination de Livie exigeait de lui, et qu'il réagisse[43].

Enfin, dans un dernier retour, les rites se terminent sur une formule sibylline qui est encore une leçon :

« Sunt geminae Somni portae, quarum altera fertur Cornea, qua veris facilis datur exitus umbris, Altera candenti perfecta nitens elephanto sed falsa ad coelum mittunt insomnia Manes. »

En voici l'explication :

Le Somnus, c'est à dire l'hypnose initiatique, a deux portes. La première est une feuille de corne, transparente par nature. Elle donne sur le monde des Enfers qui est le monde des Ombres, c.-à-d. des âmes. Sa transparence permet de voir facilement et en toute vérité ce que les âmes sont en elles-mêmes (Umbris veris). La seconde, Porta elephanto, est une feuille d'ivoire, opaque par nature, c.-à-d. un écran. Elle donne sur le monde des vivants, mais son opacité ne permet pas de voir ce que les âmes sont en elles-mêmes durant la vie, car du fond de leur enveloppe charnelle, ce que les Vices ou Passions (Manes) envoient au grand jour (ad coelum) ce ne sont qu'apparences trompeuses (insomnia falsa) éblouissantes (candenti), bien composées (perfecta), fardées (nitens)[44].

D’où, en simplifiant :

« Aux Enfers, pas d'hypocrisies possibles comme sur Terre. Méfie-toi des vivants et conduis-toi bien toi-même, pendant la vie, pour recevoir selon tes mérites après la mort. »

Sur ces paroles, l'initiation étant terminée, l'hypnose dissipée, l'Anchise renvoie le nouvel adepte et son mystagogue chacun à ses occupations dans le monde des vivants, et naturellement, il les fait passer par la Porte qui y mène celle d'Ivoire ?

 

 

Appendice.

 

À partir du vers 236 la "Descente aux Enfers" est un rappel tenté pour faire revivre à Auguste sa propre initiation ainsi que les résolutions morales qu'il avait alors, comme tout initié, faites siennes. Les ferments de l'ambition les ont en vingt ans faites s'évaporer. Les généreux efforts de Virgile pour exorciser de l'âme d'Auguste le plus terrible de ses démons, Livie, ont, sans aucun doute, été mal reçus au Palatin. - On est à la fin de 23 ou au commencement de 22. Dans quelques jours la brigue précédant les comices consulaires où seront désignés les consuls pour 21 va s'ouvrir. Les propagandes vont commencer. Nous y verrons notre poète, en compagnie d'Horace, au premier rang de l'opposition.

 



[1] La donnée « équivoque » se trouve en tmèse égl. V. v.48 : « nec calamis solum aequiparas, sed voce magistrum »

[2] La donnée « grammaire » se trouve dans le commentaire de Servius qui rapporte : « Asconius Pedianus et Cornificius dixerunt se audivisse Virgilium dicentem, in bucolicis se grammaticis crucem fixisse. »

[3] Celles de Lépide le jeune, de Fannius Cepion et Licinius Varo Murena, d'Egnetius Rufus, de Lucius Paulus, de L.Audasius, etc. Suet. Aug. (XIX)

[4] v. in Vergili vita, in fine, et plus bas, la relation de cette consultation.

[5] Suet. Aug. 90 sq.

[6] Hor. Sat. 11,3. Sic raro scribis....

[7] Hor. Sat. II, I. vI9,20, Auguste était susceptible et ruait tout d'une pièce quand on le caressait à rebrousse-poil.

[8] C’est devant la Sibylle d'Apollonie qu'Auguste se trouvait au moment où, à Rome, Jules César tombait sous les coups des conjurés.

[9] En 44, à Apollonie, Octave n'avait que 18 ans et n'osait pas dire ce qu'il avait dans l'esprit de faire pour le cas où Jules César qu'il savait déjà visé par les républicains viendrait à disparaître, le laissant héritier de son nom, de ses biens, et pourquoi pas aussi de sa politique - (il avait songé un moment à se faire aider par les légions. Suet. Aug. VIII)

[10] Les guerres civiles.

[11] Le Rhône.

[12] Le Rubicon.

[13] Pharsale.

[14] L’Oracle veut dire que Brutus = autre Achille = partisan et ami de Pompée pour qui il s'est battu contre César à Pharsale, tuera César pour venger Pompée mort vaincu par César, comme Achille, ami de Patrocle, a tué Hector pour venger Patrocle mort vaincu par Hector.

[15] Latium, berceau des républicains, descendants de Latinus, par opposition à Troie, berceau des césariens, descendants d'Iule, petit-fils d'Énée et tige de la famille des Julius.

[16] M. J. Brutus né de Servilia ne pouvait être d'origine divine par sa mère mais par son père putatif, César, qui se disait descendant de Vénus.

[17] Il faut entendre « Juno Moneta » c.-à-d. l'argent. (Suet. XCII)

[18] C’est Livie (Octave enleva à Tibère Néron son épouse Livie, en état de grossesse, la lui faisant répudier pour l'épouser, et répudiant lui-même Scribonia après Claudia). La rumeur publique accusa Livie d'avoir fait mourir parents ou amis d'Auguste pour assurer l'empire à son propre fils Tibère. On a dit même qu'elle n'aurait pas reculé devant l'idée de supprimer Auguste.

[19] C’est Philippes.

[20] On ne peut rien affirmer sur la signification de ces deux vers, mais on peut penser qu'il s'agisse des cruautés et des débauches d'Octave.

[21] On lit "frena" mais on ne peut s'empêcher de penser "phrena" racine grecque de phrenesis et de phreneticus. Sur les translations de mots grecs en latins v. Plut. Cic. LI.

[22] Lisez : janua atri ditis patet (ditis p. divitis).

[23] Il s'agit d'une officine électorale située dans le sous-sol d'une taverne de banquiers, au lieudit « les Sept Tavernes ou Tavernes d'Argent », non loin de la Curie où César fut assassiné ; c'était de solides constructions en bois durs. En temps de brigue elle prêtait de l'argent aux candidats pour leur propagande ; les affaires se traitaient par l'intermédiaire d'agents dont les uns, dits "interprètes", faisaient les démarches pour obtenir les fonds, et les autres dits "séquestres", sorte d'entremetteurs, se faisaient livrer aux guichets de 1'officine, contre bons de caisse signés du candidat, des corbeilles d'or qu'ils transportaient chez eux, d'où ils les répartissaient entre les tribus votantes, selon les instructions du candidat et sans que ceux-ci aient à se montrer ; car il y avait des lois contre la corruption électorale. Le sous-sol était divisé en guichets, chacun surmonté de son écriteau ou d'un numéro. On n'y avait accès qu’un par un, chacun à son tour, après avoir fait "la queue ". On parait ainsi les coups des voleurs.

[24] Proserpine est un dérivé du grec proserpo, marcher à la file, faire le serpent. On dit aujourd'hui communément "faire la queue". On s'y place dans l'ordre d'arrivée. C'est une règle que les premiers arrivés font rigoureusement observer et que les nouveau-venus ne se risqueraient pas à enfreindre. Proserpine fait elle-même sa police ; grâce à quoi on peut dire d'une file en bon ordre "pulchra Proserpine".

Note : "arbore opaca" expression elliptique où le nom de la matière servant à fabriquer l'objet est seul exprimé, le nom de l'objet ne l'étant pas. Cette métonymie, de la classe des tropes, se trouve aussi dans l'Églogue IV, au vers 38, où l'expression "neutica pinus" est employée pour "navis" (ex pinu nautlca ficta) - arbor opaca = lignum opacum id est durum = bois dur ; ramus = résultat de la croissance d'un arbre, où le bois produit du bois nouveau, mais "ramus aureus" = résultat du métier des banquiers où le premier apport de pièces d'or (folia aurea) a proliféré comme un tronc et s'est ramifié en "rameaux d'or".

[25] Octave, étant dans l'antre de la Sibylle à Apollonie, ne pouvait connaître les événements survenus à Rome qu'après un certain délai. Il ignorait encore la nouvelle du meurtre de J. César tandis que la voyante qui sait tout, la connaissait. Le cadavre souillait toute la flotte, c'est-à-dire les Rostres devant lesquels on l'avait traîné.

[26] Misène est J. César : du grec miseo enia, qui n'aime pas la bride, qui ne veut pas de maître ; et tout de suite après, on a l'Euclidien ; la victoire de Pharsale en Éolide faisant dire de César, "l'Eolidien", comme de Scipion on disait "l'Africain".

[27] César avait tourné l'aile gauche de Pompée = circum obibat.

[28] Le texte dit : Achilles Victor, mais entendez "convictor" car pour un meurtrier le qualificatif victor ne saurait convenir. D'autre part, Brutus ayant ses entrées dans la maison de César pouvait être dit "convictor".

[29] Antoine disait de Cléopâtre : "Uxor mea est". Suet. Aug. LXIX

[30] Construisez : Sed tum dum cava concha personat forte aequora, demens et cantu (perturbatus) vocat divos in certamina, Triton, aemulus si credere dignum est, immerserat virum, exceptum (ex proelio), inter saxa spumosa unda.

[31] Les Sept Tavernes ou Tavernes d’Argent, tout à côté de la Curie où César fut assassiné, étaient construites en bois.

[32] Coello, entendez en grec "koilo" ; viridi" entendez de même "phurden". À Rome, au temps de Virgile on prononçait le grec à peu près comme les grecs modernes. On s'en convaincra quand on suivra, dans la 2ème partie de ce travail, l'exégèse des Bucoliques. On a affaire ici à des effets de "bucolisme". Voir note 1

[33] Lisez "poscentes" au lieu de "pascentes".

[34] Vers 204 lisez "discorum" au lieu de "discolor".

[35] Vers 211 lisez "e vadis portat subvecta sublime"

[36] Coryneus du grec Koryné, la massue ; les Antoine se prétendaient descendants d'Hercule.

[37] Suétone dit "colonne massive en marbre de Numidie haute de vingt pieds (env. 7 mètres) note : vers 202, lisez : tollunt se celeres ; liquidaque per aera lapsae, le vers est spondaïque = liquida au lieu de liquidum se rapportant à aera pluriel de aes, aeris

[38] Virgile est né en 70 av. J.-C. et Octave en 63.

[39] Conjecture sur la hiérarchie des fonctions dans les Mystères :

1.     - mystagogues = premiers instructeurs, catéchètes, ils enseignaient aux mystes par quelles voies et moyens on gagne l'époptie.

2.    - époptes = mystes parvenus à la pleine vision de la doctrine secrète des Mystères.

3.    - Anchise = épopte choisi par ses pairs en raison de sa spiritualité pour présider à la vie de la Secte. Il avait le titre d'ANCHISE parce que le plus près de Dieu : Αγχισιος p. Αγχι θεός On l'appelait "Père" par déférence.    

[40] Octave devint Auguste par appellation en 27 av. J.-C.

[41] Voir note 24.

[42] Voir note 18. Apulée dit : "carminum avocamento, odorum delinimento soporari et ad oblivionem praesentium externari". Apo. 34.

[43] cf. supra note 18, et dans le texte le vers 95 : "Tu ne cede malis, sed contra audentior ito quam tua te fortuna sinet".

[44] Horace exprime la même idée, Sat.II, Ire, 64-65, "…nitidus qua quisque per ora Cederet, introrsum turpis…"      

Sur la signification de "Manes" cf.

- Énéide, LVI ,745, "Quisque suos patimur Manes" : Chacun de nous est victime de ses passions

- Buc. II, 65, Même idée sous une autre forme : "Trahit sua quemque voluptas" : Le vice traîne toujours son homme.



30/09/2018
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