Étienne Jeandet
Je parcourais sans attention particulière la bibliothèque de ma sœur lorsque je tombais sur « Réunion de la Savoie et la France ». Avant même d’ouvrir ce livre, je pensais à l’histoire d’Étienne Jeandet, grand oncle de mon grand père Joseph Pigassou. Je fus très satisfait de trouver la signature « Jeandet » sur la page de garde de ce livre.
Tout ceci n’a rien que de très banal, me direz-vous ! Pas tant que cela, lorsque vous connaîtrez l’histoire d’Étienne !
François Jeandet, scribe, s'unit avec Jeanne Beaumann dite Jeannette, ménagère. Ils se marient le mardi 1 février 1820 à Saint-Pierre-d'Albigny (en Savoie sensiblement à mi-chemin entre Chambéry et Albertville). Ce couple aura deux enfants : Aimée née en 1822 et Philibert, Étienne – notre héros - né en mai 1838.
Étienne est né en Savoie lorsqu’elle faisait partie des États Sardes !
« Filiberto Stefano Jeandet, figlio di Francesco e di Beaumann Giovanna, nato il 23 maggio 1838 a S Pierre d’Albigny, provincia di Savoya Propria »
« Religione Cattolica » ; « Soldato volontario in servizio provinciale nel primo Reggimento di Fanteria (le 11 novembre 1857), Caporale in detti (le 1er janvier 1859) »
Étienne effectue la Campagne d’Italie en 1859. Il est nommé sous-lieutenant au 15è Régiment d'Infanterie Sarde en décembre 1859. Étienne Jeandet sera décoré en 1865 de la médaille commémorative des guerres pour l'indépendance italienne, créée par le Roi Victor - Emmanuel II en 1865.
Médaille commémorative des guerres pour l'indépendance italienne
« Je soussigné Jeandet Philibert, Étienne, sous lieutenant au 15è Régiment d’Infanterie (Armée Sarde) devenu français en vertu du traité du 24 mars 1860, déclare continuer son service en France. Sathonay, le 8 juillet 1860. »
Lieutenant le 8 janvier 1868 au 52è Régiment d’Infanterie, le 2 octobre 1870, Étienne est capitaine au 27è Régiment d'Infanterie de Ligne. Il entre en campagne le 16 octobre 1870 avec le 37è Régiment de Marche (Armée de la Loire)
« J’ai assisté avec le 37è Régiment de Marche à la bataille de Coulmiers le 9 novembre. J’ai été pour cette affaire l’objet d’une citation ainsi que ma compagnie, citation restée selon toute probabilité au régiment ; j’ai pris part avec mon régiment au combat livré le 1er décembre en avant de Patay (Loiret). J’ai assisté à la bataille de Loigny, le 2 décembre où j’ai été dans l’après midi blessé d’un coup de feu à la jambe gauche ; transporté à l’ambulance de Honneville, le même jour ; j’y fus fait prisonnier de guerre le lendemain ; par suite de la marche en avant des Allemands, transporté à l’ambulance ennemie d’Imonville, le 3 décembre, je fus dirigé, le 5 décembre, sur Chartres, où je suis resté entre les mains des ennemis jusqu’au 6 mars, époque à laquelle en vertu du traité de paix, l’autorité Allemande me dirigea sur Laval (Mayenne). De cette ville, je fus dirigée sur Angers et Tours, au 37è de Marche ; ayant été par suite de captivité rayé des contrôles du corps, on me dirigea sur le dépôt du 27è, à Antibes et enfin de là, en vertu d’une décision Ministérielle ; sur le dépôt du 37è d’Infanterie, au Pas des Lanciers. »
Le 30 décembre 1871, Étienne démissionne par amour pour Thérèse !
« … déclaration par laquelle Mr Jeandet, capitaine au régiment, offre la démission de son grade.
Cet officier recherche en mariage depuis plus de deux ans une personne de Narbonne. Les trois demandes qu’il a faites à la fin de 1869, au commencement de 1870 et en juillet 1871, ayant été rejetées successivement, d’abord pour insuffisance de dot et en dernier lieu pour manque de convenance dans l’union projetée, il persévère dans ses vues de mariage et offre sa démission pour les réaliser… »
Il s'unit avec Thérèse Pigassou, la fille de Célestin Pigassou et de Jacquette Dupont. Ils se marient le mercredi 7 février 1872 à Narbonne.
En 1874, Étienne souscrit à la reconstitution du Palais de la Légion d'Honneur détruit le 23 mai 1871.
Réintégré, Étienne démissionne à nouveau … à cause du Phylloxera !
« Le 13 mars 1880.
J’ai l’honneur de vous adresser la démission de Mr le Chef de Bataillon Jeandet, commandant le 3è Bataillon. Sa position de propriétaire, fortement attaquée par les maladies de la vigne, ne lui permet plus de conserver une charge à laquelle un récent décret sur la position des officiers territoriaux ne donne plus de raison d'être à son point de vue, puisque ce décret, loin de faire appel à sa bonne volonté et à son patriotisme, parait viser au contraire un moyen de le remercier ».
Dernière surprise !
« demande formée par M le Directeur général des contributions indirectes à l’effet de connaître les notes et les motifs de la démission de M Jeandet ancien capitaine du 37è régiment d’infanterie dont la veuve sollicite un débit de tabac.
Le 5 août 1903 »