Joseph Pigassou 1878 - 1961

Joseph Pigassou 1878 - 1961

Les personnages - étude de Joseph Pigassou

Le drame satyrique des Bucoliques

Les personnages et leur identification

Les personnages mis en scène par Virgile sont Auguste, Agrippa, Horace et Virgile. Leurs pseudonymes bucoliques sont des mots tirés du grec. Ils évoquent par étymologie une particularité propre au personnage et ont même initiale que le mot latin exprimant cette particularité (nom, prénom, surnom, sobriquet ou toute autre convenance individuelle). Les personnages changent de pseudonyme d’une églogue à l’autre suivant l’aspect sous lequel ils se présentent dans chacune d’elles. Certains noms comme galathée, amaryllis, bavius, mercius, chromus, ninasibus et autres qui paraissent désigner des personnes ne sont que noms de choses. On s’en apercevra le moment venu. C’est encore une feinte de Virgile pour faire prendre le change à ceux qui ne sont pas dans son secret.

 

Personnages

 

Leurs caractéristiques

(nom, prénom, etc.)

 

Leurs pseudonymes

 

AUGUSTE

 

C.O. Cesar octavianus

=

C.O. Corydon (2ème et 7ème)

Κορύδων qui promet des rassasiements (κορέννυμι, raccourci : κορ
αὐδάω-ω, raccourci : υδ)

D.A. Divus augustus

=

D.A. Damatos (3ème) Damon (8ème)

Damatos et Damon, signifiant conquérant, étaient des surnoms s’appliquant à Jules César qui avait conquis les Gaules : surnoms passés par voie d’héritage à Octavien, héritier des biens et des noms de Jules César

A. Augustus

=

A. Augustus (5ème) μύντας le vindicatif (ἀμύνω)

T. Thurinus

(on disait la famille d’auguste originaire de Thurinum en Lucanie)

=

T. Tityrus (1ère) le seigneur, du grec χοίρανος d’où τύραννος.

Les grecs prononçaient et prononcent encore Kiranos et Tiranos.
raccourci : Κυρ d’où κῦρος ou τῦρος et avec redoublement τίτυρος

 

 

 

 

 

Marcus Vipsanius

(dit Agrippa)

 

M. Marcus (Agrippa)

=

M. Melibœus (1ère et 7ème) qui soigne les soldats, littéralement les cuirasses (μέλεο, βοεύς lanière de cuir).

A. Agrippa (Marcus)

=

A. Alphesibœus (8ème) même signification que Meliboeus (ἀλφάνω, βοεύς)

A. Agrippa

=

A. Antigenes (5ème) à contre ou en sens contraire (Ἀντιγένης, ἀντί, γένος, a la même signification que le mot latin agrippa, qui servait à Rome à désigner les enfants nés par les pieds, c.-à-d. en sens contraire de la normale. Agrippa était né ainsi.

 

 

Mæcenas

 

M. Mæcenas

=

M. Menalgas (2ème et 3ème) qui reste dans ses malheurs (μένω, ἄλγος) allusion à la persistance des malheurs conjugaux de Mécène.

 

=

M. Meris (9ème) celui qui coupe tout en petits morceaux, le parcimonieux (μερίξω)

T. Tyrrhenus
le tyrrhenien

=

T. Tyrsis (7ème) l’étrusque (de τυρσηνός) origine de Mécène

Y. Yolas

=

Y. Yolas  Ὑόλας le pluvieux < (ὕω pleuvoir) à cause des eaux de pluie teintées en rouge qu’il distribuait en guise de vin

G. Gallus
G ou C ?

=

G. Gallus ou K. Kallos le beau cf. dulce decus meum (Horace odes I. 1ère) decus en latin, ornement.

Gallus a même signification et à très peu prés même prononciation que κάλλος grec. L’omicron se prononçait ou comme l’ u latin

 

 

 

 

 

Maro Publius, Vergilius

 

M. Maro

=

M. Menalcas (5ème, 9ème et 10ème) qui persiste dans le combat (μένω ΄ ἀλκή) allusion à la persistance dans l’action contre Auguste, alors qu’Horace lâche pied.

 

 

Horatius Flaccus

 

Horatius

 

Exception à la règle des initiales, la lettre latine H n’existant pas en grec

 

=

Alexis le refuseur (ἀλέξω) à cause des refus qu’il opposait aux invités d’Auguste (2ème).

 

 

Mopsus (5ème) l’attique, à cause de son atticisme (μοψόπιος)

 

 

Lycidas (9ème) mon gros loup et
Lycoris (10
ème
) mon petit loup, appellations familières que lui donnait Mécène.

 

 

Le coryphée

 

Les chœurs

(Celui du peuple et celui des soldats)

 

On voit que pour mieux dérouter les curieux Virgile emploie mêmes initiales et mêmes pseudonymes pour des personnages différents, ou, inversement, un même personnage est gratifié de pseudonymes différents. En simplifiant, on voit encore qu’il n’y a en tout que cinq personnages, Auguste, Agrippa, Mécène, Horace et Virgile.

La forme littéraire est celle du drame parce qu’elle est celle qui donne le mieux l’illusion de la vie réelle ; la présence des chœurs réclamant surtout du vin en fait un drame satyrique.



14/10/2018
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