Témoignage d'une cousine
mars 2009
… Que de souvenirs ont afflué à ma mémoire... souvenir de cet homme hors-norme : tonton Joseph.
Narbonne. J'ai quel âge ? 7 ou 8 ans. L'heure du repas approche et, dans le salon tunisien, nous nous chamaillons, Janine, Lulu et moi, Yoyo-Poppi attise le feu. Tati nous regarde, indulgente comme toujours et tante Germaine fait le guet. "Voilà Papa !" Tout le monde se tait et rectifie la position. Tonton Joseph arrive sans nous prêter attention et le repas se déroule en silence. J'étais sans doute venue à Narbonne avec Babeth et Marthou pour que tonton Joseph mette un peu d'ordre dans la denture anarchique de Marthou se faisant ainsi orthodontiste, spécialité inconnue à cette époque. Il avait arraché des prémolaires (je crois) et en introduisant des petits carrés de caoutchouc (des pneus de bicyclette, je crois) il poussait incisives et canines vers la place laissée vide. Bons résultats malgré une technique rudimentaire.
Tonton Joseph pouvait, en famille, rester silencieux ou bougon, mais il pouvait aussi être très drôle quand il était détendu, à Saint-Raphaël par exemple. Il riait toujours avant de raconter son histoire, un rire très discret, presque inaudible qui faisait sauter sa poitrine et briller ses yeux bleus. Beaucoup d'histoires de Tunisie, de blagues faites là-bas. (Comment tonton Joseph avait-il pu faire des blagues ?) Une anecdote est restée gravée dans mon esprit : les Tunisiens qui aimaient les femmes grasses, leur faisait manger du fnugrec (Pourvu que tonton Joseph n'ait pas l'idée de conseiller le fenugrec à Maman pour me faire engraisser ! Je ne connaissais pas cette plante, mais elle était certainement horrible.
à Saint-Raphaël tonton Joseph allait souvent peindre au bord de la mer et Marguerite tenait patiemment le parasol pendant qu'il travaillait.
Autre souvenir de Saint-Raphaël, la chambre de tai et de tonton Joseph. Interdiction d'y entrer le matin ; mais j'étais curieuse et quand la porte était mal fermée, je regardais avec stupéfaction le lit encombré de papiers et d'énormes "dictionnaires". Inconcevable à Frescaty !
... Tu n'as pas fait mention, me semble-t-il, des talents de violoniste de ton grand-père. Je ne me souviens pas de l'avoir entendu jouer, mais il parait que, dans sa jeunesse, il faisait preuve d'un certain talent. Un de plus !
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